La Parole, avec les gestes

Paris Notre-Dame du 11 février 2021

Deuxième épisode de cette série sur la mission du vicariat pour les personnes handicapées : plongée au sein de la pastorale en classe Ulis de l’Enseignement catholique à Paris. Un temps, rien que pour ces élèves, pour « vivre la Parole » par une pédagogie gestuée et chantée.

Au collège Stanislas, des élèves des classes Ulis A et B, durant leur catéchèse spécialisée.
© Laurence Faure

« Demain, c’est la fête de la présentation de Jésus au Temple », expliquent, en ce lundi matin, les intervenantes en pastorale spécialisée d’une classe Ulis [1] du collège Stanislas (6e). Alan [2], 14 ans, se tourne joyeusement vers l’image projetée au tableau par Anne-Laure, catéchiste spécialisée, qui « co-enseigne » ici avec l’institutrice de la classe, Claire. Les cinq camarades d’Alan, comme lui, atteints d’un handicap mental, décrivent ce qu’ils voient : Joseph et Marie portant Jésus dans ses bras, présentant des « tourt’relles » au prêtre Siméon « qui a plein de barbe ». Chaque lundi, ces élèves de la classe Ulis B se retrouvent pour une heure de pastorale spécialisée. Objectif : leur faire « vivre la Parole », selon une pédagogie adaptée. Ce qui ne les empêche pas d’être intégrés à la catéchèse ordinaire, avec les autres élèves de leur classe d’inclusion, « participant à tous les temps forts, messes, préparations aux sacrements ou à la profession de foi », énumère Claire. « Mais cette heure de pastorale spécialisée, précise Anne-Laure, c’est leur temps à eux, pour vivre l’Évangile et mieux le comprendre. La rythmo-catéchèse, qui ne s’applique d’ailleurs pas seulement au handicap, nous permet de transmettre la Parole par le geste et par le chant, ce qui leur fait intégrer ce qu’ils entendent dans toutes leurs fibres. On ne sait pas toujours ce que ces enfants ont compris, puisqu’ils expriment les choses différemment. Mais ce qu’ils vivent là, c’est de l’ordre de l’expérience : la Parole devient vivante. Et avec les gestes, il ne peut pas y avoir de confusion sur les mots. » Au long de l’année, les grandes thématiques liturgiques sont abordées, des paraboles, des figures bibliques...

Suivant les mouvements d’Anne-Laure, les six collégiens de cette classe Ulis achèvent le geste de la lumière : mains ouvertes au-dessus de leurs têtes. « Le mécanisme récitatif et répétitif s’inscrit dans la mémoire corporelle », explique la spécialiste. Patricia, autre catéchiste, témoigne : « Ce qui nous touche, c’est la joie des enfants. Pour eux, c’est aussi une expérience fédératrice quand, parfois, certains sont un peu dans leur bulle… » « Le message, c’est qu’ils sont aimés de Dieu », ajoute Isabelle, membre du vicariat pour les personnes handicapées et animatrice, durant quinze ans, en pastorale Ulis au sein de l’établissement Saint-Pierre-Fourier (12e). Elle continue : « Comme catéchistes, nous essayons de rejoindre l’enfant là où il en est. Au sein du diocèse, les élèves catéchisés en Ulis – il existe trente structures accueillant des Ulis dans l’enseignement catholique à Paris, NDLR – ont des profils très variés. Et pourtant, à chaque fois, la plupart font une expérience transformante. Je me souviens de cette élève qui s’isolait dans un coin et criait. Dès que nous chantions, elle se rapprochait. Tout n’est pas facile, car nous nous retrouvons aussi face à nos limites… nous n’avons pas toujours les clés pour comprendre ! Mais au cœur de ce temps gratuit, nous vivons de vraies grâces. On ne sait pas toujours ce que l’on arrive à transmettre, mais moi, je sais ce que j’ai reçu. » La catéchèse prend fi n dans la classe Ulis B. On entonne le cantique de Siméon. Camille [3] fredonne discrètement, les yeux brillants.

Laurence Faure @LauFaur

[1Unités localisées pour l’inclusion scolaire.

[2Le prénom a été modifié.

[3Le prénom a été modifi é.

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