Voyage en Terre Sainte avec les « rendez-vous des pédagogues »
Paris Notre-Dame du 18 mai 2023
Des professeurs et chefs d’établissement de l’Enseignement catholique de Paris sont allés à la rencontre de leurs homologues de Terre Sainte. Cinq jours pour se découvrir à travers l’enseignement du français et partager leurs expériences. Rencontre avec Alice de Rambuteau, chargée des relations publiques à la direction diocésaine de l’Enseignement catholique de Paris et coordinatrice du Réseau Barnabé.
Paris Notre-Dame – Comment vous est venue l’idée de mettre en place les « rendez-vous des pédagogues », cette initiative particulière au sein du Réseau Barnabé ?
Alice de Rambuteau – Le Réseau Barnabé, réseau national qui met en relation les établissements catholiques de France et les établissements chrétiens de Terre Sainte, existe déjà depuis une quinzaine d’années. Avec les « rendez-vous des pédagogues », nous avons voulu aller encore plus loin pour permettre aux enseignants et aux chefs d’établissement de se rencontrer pour partager leur propre expérience de la pédagogie. L’objectif n’est pas tant de s’échanger des astuces ou des conseils entre professeurs que de faire parler les gens de ce qu’ils sont, de ce qui les anime et qui leur donne envie de se lever le matin pour enseigner. Ces voyages sont avant tout l’occasion, pour eux, d’exprimer cette richesse intérieure qui les habite.
P. N.-D. – Pourquoi partir si loin ?
A. R. – Parce qu’on apprend à aimer sa propre différence en rencontrant celle de l’autre. Ce n’est pas un pèlerinage, même si on se rend dans des lieux saints. Le but reste la rencontre : les enseignants se rendent dans les écoles pour travailler, pour parler de qui ils sont, de leurs talents et de leurs charismes. Confronter leurs différences leur permet aussi de se retrouver pour mieux s’engager dans leur métier, avec leur sensibilité propre. C’est étonnant, d’ailleurs, de se rendre compte qu’en tant que professeur, nous avons beaucoup en commun, alors même que le contexte de l’enseignement entre la France et la Terre Sainte, ne serait-ce que par le climat politique, est radicalement différent. C’est aussi ce qui fait la richesse du groupe, qui réunit des personnes de générations et de parcours distincts.
P. N.-D. – Cette initiative est donc avant tout destinée aux professeurs, afin de leur permettre de faire rayonner leur sensibilité dans l’enseignement ?
A. R. – Tout à fait. Un bon professeur est un professeur qui se connaît et qui, par l’expérience, est en capacité de faire évoluer sa pédagogie de toutes les manières possibles, par et pour ses élèves. Le fruit de ces échanges en Terre Sainte rayonne entre enseignants, puisque chacun se rend disponible pour une véritable rencontre avec l’autre, en vérité. C’est une posture totalement chrétienne : savoir qui est l’autre en tant qu’humain, dans sa relation avec ses collègues, ou dans le management pour les chefs d’établissement, mais aussi avec les élèves. J’ai été profondément marquée par une intervention de Mgr Ulrich, archevêque de Paris, devant les chefs d’établissement, lors de laquelle il nous a posé cette question : « Qu’est-ce que la pédagogie du Christ ? » Il s’agit, comme toujours, de la charité, qui se traduit dans l’enseignement par cette disposition du cœur qui permet d’écouter l’autre et de l’accueillir dans sa richesse et sa différence. C’est ce que nous avons vécu pendant ces deux voyages, en février et en avril cette année, et c’est d’ailleurs précisément l’attitude de Barnabé dans les Actes, lorsqu’il dépose aux pieds des apôtres son trésor.
Propos recueillis par Morgane Afif
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