La Famille désignée comme une « petite Eglise »

Texte de Mgr André Vingt-Trois lorsqu’il était archevêque de Tours.

A la suite du Concile Vatican II, Jean-Paul II rappelle souvent que la famille est la “première cellule” de la société. Dire cela, c’est d’abord parler du fondement, d’une base nécessaire, sans laquelle il n’y aurait rien. La famille est la base de toute la vie sociale.

Dans la famille, les époux se choisissent librement et s’engagent l’un envers l’autre de manière définitive. Ils acceptent, par avance, de vivre ensemble les imprévus de l’avenir. Ils souhaitent donner chair à cet avenir par les enfants qu’ils auront. Ce pacte fondateur est un pacte d’alliance. C’est un pacte définitif. Sa solidité, son indissolubilité sont le socle sur lequel se développe une relation d’amour qui s’appuie sur la confiance mutuelle. Les enfants y font le premier apprentissage des relations sociales en reconnaissant l’autre dans la confiance. Il ne peut pas y avoir de relations sociales harmonieuses et pacifiques, là où il n’y a pas eu l’initiation familiale à des relations gratuites et assurées par-delà les qualités particulières de chacun. Sans cette base, la méfiance et la violence dominent la vie sociale.

La famille est ainsi le premier lieu éducatif. A travers les comportements quotidiens, la manière de vivre les uns avec les autres, se transmettent les premiers éléments des vertus humaines et un ensemble de valeurs qui vont marquer la croissance et la conception de la vie de l’enfant. C’est là que se mettent en place les références fondamentales : l’amour de la vérité, le respect de l’autre, etc. Plus tard, l’école permet de confronter les mœurs de sa famille à celles d’autres familles, d’apprendre à réfléchir ce qui n’était encore que mise en acte pratique, d’ouvrir à d’autres logiques et à d’autres conceptions. En soutenant cette mission sociale de la famille, l’église ne défend pas une position confessionnelle ou particulière, elle met ses moyens au service du bien de tous.

Pour les chrétiens, la famille est aussi le lieu où l’enfant découvre son être chrétien, où il reçoit sa première initiation à la foi chrétienne. Il s’agit ici d’apprendre les attitudes concrètes de la vie chrétienne à partir d’exemples quotidiens : apprendre à faire son signe de croix, à dire ses premières prières et apprendre à mettre sa foi en pratique. La famille chrétienne apporte une expérience exceptionnelle : celle d’une société fondée sur la grâce de Dieu. En effet, c’est dans la grâce du sacrement de mariage que se déploie la fécondité de la famille, sa capacité à développer des relations d’amour, sans cesse en travail de conversion et de réconciliation, mais sans cesse aussi dans l’espérance d’un nouveau départ dans la confiance. La vie familiale est vraiment le lieu d’une expérience sacramentelle. La pratique d’une vie de communion entre les membres de la famille, leur résolution à se pardonner et à se réconcilier, leur persévérance à ne pas renoncer à l’amour de ses membres, quelles que soient leurs faiblesses, sont autant d’initiations à la fidélité et à la miséricorde de Dieu. C’est ainsi que la famille a pu être désignée comme une “petite Église”.

L’Église s’appuie sur son expérience de l’amour miséricordieux de Dieu pour annoncer une bonne nouvelle à tous les hommes : l’amour de l’homme et de la femme engagés définitivement l’un envers l’autre est une ressource fondamentale pour l’équilibre de la vie sociale et l’épanouissement de la liberté des personnes. Pour les chrétiens engagés dans le mariage, l’expérience de la famille est un sacrement de la fidélité indéfectible de l’amour de Dieu pour l’humanité.

Le mariage et après
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